OLGA ANOKHINA, Institut des Textes et Manuscrits Modernes, CNRS/ENS

Publié le 23 juin 2025 Mis à jour le 23 juin 2025

L’autotraduction : un nouvel état génétique d’une œuvre

Date(s)

le 19 mars 2026

16h-18h
salle CRPM 114
Les recherches sur la genèse des œuvres des écrivains ont mis en lumière une problématique liée à l’achèvement du texte. Les écrivains ont la difficulté de terminer leur travail et tentent toujours de repousser le moment où leur œuvre sera « terminée ». Bien souvent, c’est l’intervention d’un tiers (notamment de l’éditeur) qui les oblige à mettre le point final à leur texte. Or, les écrivains plurilingues ont une possibilité extraordinaire de prolonger leur travail dans une autre langue en déjouant cette contrainte extérieure. En effet, les écrivains plurilingues peuvent être amenés à réécrire leur œuvre originale dans le cadre de sa traduction. C’est tout particulièrement vrai pour une autotraduction mais la traduction collaborative offre également une opportunité remarquable pour un auteur de recréer son œuvre. Dans le cas d’une traduction, réalisée par l’auteur de l’œuvre lui-même ou supervisée par lui, l’écrivain sera légitime à y opérer les modifications plus ou moins considérables. L’examen des documents de travail des écrivains plurilingues et des traducteurs met en lumière les relations complexes qui s’établissent entre les différentes modalités traductives : l’autotraduction, la traduction collaborative ou encore la réécriture d’une œuvre par l’écrivain sous l’influence d’une traduction allographe. L’analyse des brouillons de traduction dévoile la circularité, la continuité et l’imbrication de ces divers processus, l’écriture d’une œuvre pouvant être suivie d’une autotraduction ou d’une traduction, qui peuvent elles-mêmes inspirer une réécriture, et ainsi de suite. Devenue moteur et outil d’une réécriture perpétuelle, la traduction contribue à créer une œuvre indéfiniment ouverte, sujette à une réécriture perpétuelle. Ce constat amène un questionnement génétique essentiel que nous chercherons à éclairer : pour un écrivain qui s’autotraduit ou qui collabore avec ses traducteurs, s’agit-il de deux genèses séparées (écriture vs traduction) ou d’une seule et même genèse plus globale ? 

Mis à jour le 23 juin 2025