YUE YUE, Université de Bretagne occidentale EA 4249

« Il n'y a pas de femmes sur le champ de bataille, seulement des soldats. » Ce slogan est constamment répété dans les camps militaires de la Chine contemporaine. C'est précisément à cause de ce slogan que toutes les femmes vivant dans des camps d’armée ne sont plus des êtres vivants, mais sont transformées en instruments asexués et dénués d'émotions. Ayant vécu dans un tel environnement pendant vingt ans, la peintre Hu Ming 呼鸣 utilise son pinceau pour révéler la révolte passionnée de corps sexués, réprimés et étranglés.
 
Les émotions exprimées dans ses peintures ne se limitent pas à illustrer les traits physiques de la guerrière, mais constituent également une représentation du corps et de l’érotisme en tant que construction sociale. L'histoire chinoise regorge d'exemples de femmes participant aux guerres, qui ont été représentés dans l'art pictural. La communication se propose de comparer ces images traditionnelles et d’analyser les émotions contemporaines exprimées par les personnages des peintures de Hu Ming. Pourquoi la dissimulation des caractéristiques physiques des femmes soldats dans la Chine actuelle constituerait-elle une condition nécessaire à une véritable révolution des esprits ? Si les femmes ne peuvent être pleinement intégrées au sein des structures de pouvoir, ce ne sont pas elles qu’il faut redéfinir, mais bien le pouvoir lui-même. L’art de Hu Ming transmet ainsi un message essentiel : l’aspiration profonde à la liberté qui anime la société chinoise contemporaine.

Discutantes : Pascale Cohen-Avenel, Marie Laureillard