ANNA LAMBERTINI, Università di Firenze

« Laisser de l’espace » est une expression éloquente, une parole aérée qui confère au mot espace une dimension figurée, en le rattachant au corps et en l’arrachant à l’abstraction comme à l’abjection. C’est une manière de dire qui évoque la liberté — de mouvement, d’action, d’expression — et qui, par extension, fait écho à des notions telles que le respect de l’autre, la disposition à l’hospitalité et à l’accueil, l’ouverture au changement.

Prise comme objectif du projet de paysage, cette expression permet de désigner une particulière pratique/poétique de résistance à la saturation du monde, plus encore qu’à la consommation des lieux Il s’agit d’une forme d’action/réaction qui défend le droit à l’existence des interstices, des creux, des intervalles, des vides entre les pleins, des espaces non construits. Mais aussi le droit pour ces lieux de ne pas être décorés, remplis, encombrés d’objets ou d’artefacts destinés à satisfaire uniquement les besoins humains les plus variés.

Concevoir des paysages qui "laissent de l’espace" est une invitation à réduire avec décision l'emprise anthropocentrique sur le monde que nous habitons.

Discutante : Marco Assennato, Lucia Quaquarelli