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conférence-débat / Dire la guerre en Ukraine dans des pays tiers. Une analyse de la formulation de l’ennemi à l’ère de la globalisation

Publié le 4 avril 2023 Mis à jour le 4 octobre 2023
Date(s)

le 16 octobre 2023

13h30-18h30
Lieu(x)

Bâtiment Max Weber (W)

Salle de Séminaire 2
Dans un système totalitaire génocidaire comme dans une guerre inter-étatique, la langue joue un rôle fondamental. Dans des registres tout à fait différents, aussi bien Victor Klemperer à l’exemple du IIIE Reich que George Orwell dans son roman 1984 en ont livré une description d’une acuité et d’une actualité saisissantes en soulignant combien la novlangue ou la Lingua Terterii Imperi (LTI) étouffait toute pensée, brouillait les catégories, voire les supprimait bel et bien.
Dans la guerre actuelle contre l’Ukraine, s’il utilise des armes bien matérielles, c’est avec la langue que Vladimir Poutine manipule et intoxique la population russe en imposant non seulement une langue du non-droit et de la violence mais une représentation du monde qui gangrène toute la société,[1] faisant de la Russie post-soviétique un État non seulement prédateur mais également idéocide.[2] Grâce à internet, cette intoxication ne se limite pas à la population russe prisonnière du monopole informationnel du système poutinien mais contamine largement le reste du monde dans le cadre de la « guerre hybride ».
Face à cette offensive multiple, Volodymyr Zelensky réplique bien sûr avec des armes mais aussi avec les outils de la langue et sur un tout autre mode qui n’est pas celui de la violence et de la domination. Mais les discours officiels de la Russie et de l’Ukraine ne sont pas les seuls à dire cette guerre. Cette manifestation s’intéressera avant tout à la manière dont les populations et les organes officiels de pays tiers disent la guerre en Ukraine à l’extérieur de l’Europe et de l’OTAN.
Bien que les mots pour dire la guerre varient selon l’ampleur de ses retombées pour l’approvisionnement énergétique et alimentaire, ils dépendent aussi des liens plus ou moins complexes avec l’Europe, du fait du passé colonial ou des conséquences de la Guerre froide. A cela s’ajoutent des considérations géostratégiques et des enjeux de pouvoir dans la reconfiguration d’un monde multipolaire à l’âge de la globalisation qui concernent aussi bien des grandes puissances impérialistes comme la Chine que des États plus petits mais pour qui cette guerre est l’occasion de jouer un rôle international important comme la Turquie ou l’Iran.
Par ces analyses cette manifestation contribuera au débat plus large sur la formulation d’images complexes de l’ennemi créées et véhiculées par la langue qui sont autant de visions du monde et des relations avec les autres et sont en constante évolution depuis le début du XXIe siècle.

[1] Stéphane Courtois et Galia Ackerman, Le livre noir de Vladimir Poutine, Paris, Perrin et Robert Laffont, 2022.
[2] Arjun Appadurai, Géographie de la colère. La violence à l’âge de la globalisation, Paris, Payot, 2007, p. 80-90 et 166.

Projet scientifique et organisation
Pascale Cohen-Avenel, CRPM, Université Paris Nanterre

Comité scientifique
Pascale Cohen-Avenel, CRPM, Université Paris Nanterre
Yves Hamant, CRPM, Université Paris Nanterre
Sibylle Sauerwein, CEREG, Université Paris Nanterre
Christian Delporte, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Mis à jour le 04 octobre 2023