journée d'études / La Russie en quête d'un ordre mondial post-occidental

Depuis la fin des années 1990, les points de divergence sur la vision de l’ordre mondial se sont approfondis et accentués entre la Russie et les puissances occidentales. En 2014, on assiste à une véritable rupture. Après le mouvement du Maïdan en Ukraine, avec pour conséquence l’arrivée au pouvoir à Kiev de dirigeants perçus non seulement comme hostiles à la Russie, mais encore instrumentalisés par les puissances occidentales contre Moscou, ainsi que l’adoption de trains de sanctions économiques et financières américaines et européennes contre la Russie, les dirigeants russes se sont employés à réduire l’influence de l’Occident, de ses normes et de ses valeurs, aussi bien à l’intérieur du pays que dans leur politique internationale et leur stratégie géoéconomique. En 2017, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dix ans après le discours « historique » prononcé par le président Poutine à la conférence sur la sécurité de Munich (en 2007), a prononcé un discours où il appelait de manière à « la promotion d'un ordre mondial post-occidental ». La création, puis la promotion, de l'Organisation de coopération de Shanghaï, des BRICS et de l'Union eurasiatique, le rapprochement russe avec la Chine, ou encore le développement d’une forte activité politique et sécuritaire d’entrepreneurs et d’acteurs géopolitiques russes sur le continent africain peuvent être vus comme autant d'efforts pour réduire l'influence occidentale et édifier un nouvel ordre mondial post-occidental. Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, cette stratégie « post-occidentale » semble désormais imprimer sa marque sur l’ensemble des vecteurs de la politique intérieure et extérieure russe.

Comité scientifique et d'organisation : Jean-Robert Raviot et Maxime Daniélou