journée d'étude / Les fabriques du global : acteurs, récits, communautés transnationales

Publié le 25 septembre 2018 Mis à jour le 13 janvier 2024
Date(s)

le 6 décembre 2018

9h-19h
Lieu(x)

Bâtiment Max Weber (W)

Salle des séminaires 2
Cette journée d’étude vise à répertorier les diverses interrogations portées par les chercheurs en sciences humaines et sociales sur les manières dont se fabrique ce qu’on peut nommer, par commodité, « le global », à savoir un tissu d’espaces culturels, politiques et symboliques au sein duquel des acteurs se reconnaissent dans des causes ou des intérêts, instaurent des pratiques, construisent des discours et des stratégies, qui dépassent (ou prétendent dépasser) le cadre de l’État-nation pour s’identifier à une communauté transnationale globale.

Si la notion de communauté transnationale renvoie d’ordinaire à « des communautés composées d’individus ou de groupes établis au sein de différentes sociétés nationales, qui agissent à partir des intérêts et des références communes (territoriales, religieuses, linguistiques), et qui s’appuient sur des réseaux transnationaux pour renforcer leur solidarité par-delà les frontières nationales » (R. Kastoriano, 2000, 353), la référence au « global » (à un monde global, ou « globalisé ») renvoie à un constat, celui d’un monde devenu progressivement « post-national ». La « fabrique du global », par conséquent, est donc en premier lieu la fabrique du post-national.

Il s’agirait donc d’abord d’identifier les acteurs et les récits du « post-national ». Car si l’État-nation procède d’une construction (une fiction) historique et située (E. Balibar, I. Wallerstein, 1998, 130) qu’il convient de déconstruire, il convient, dans ce même élan, de déconstruire « le global », de l’interroger, en en dévoilant les différents équilibres de pouvoir et les différentes localisations, cartographies et géographies, car « la mondialisation n’est jamais un projet total qui s’emparerait avec la même force de toutes les géographies » (A. Appadurai, 2013, 88). Ce faisant, on dévoilera également les continuités avec l’État-nation dans ses dimensions impérialistes et post-impériales. Quelles sont les différentes instances de production de discours et d’univers symboliques sur « le global » ? Comment se dit (se construit, se raconte, se vend) le commun en régime de globalisation ? La globalisation peut-elle être envisagée comme un tissu de récits d’un autre commun ?

On peut émettre l’hypothèse que, tout comme les nationalismes – les idéologies de l’État-nation, au sens de E. Gellner (1983) – ont produit l’institution-État-nation et les communautés nationales en Europe à partir du début du XIXème siècle, il existe des globalismes (idéologies du monde global ou « mondialisé »), localisés, incarnés et même institutionnalisés par des acteurs qui activent et légitiment, par leur discours, les textes qu’ils produisent ou les pratiques culturelles ou artistiques qu’ils développent, les narratifs sur « le global ». Ceci étant posé, on peut poursuivre en émettant une autre hypothèse : pour localiser, étudier et comprendre la « fabrique du global », il faut d’abord repérer les acteurs et les lieux d’où émanent ces produits, ces pratiques, ces symboles et ces discours et interroger, tout à la fois, leurs conditions de création et/ou d’énonciation et leurs modalités de circulation et d’affirmation (ou appropriation). Pour pouvoir saisir aussi, peut-être, ces « striature » (S. Mezzadra, 2008, 13), ces interstices de l’espace global où les rapports de domination peuvent être repensés en vue d’une fabrique du commun.
 

Mis à jour le 13 janvier 2024